Ottawa, mardi 24 mars, 2009 – Canadian Artists’ Representation/le Front des artistes canadiens est heureux d’annoncer que les fondateurs de CARFAC Tony Urquhart et Kim Ondaatje viennent de se voir décerner le Prix du Gouverneur général récompensant une contribution exceptionnelle aux arts visuels et médiatiques.
Ces deux membres du groupe qui insista pour que le Musée des beaux-arts du Canada rémunère les artistes ayant participé à l’exposition 300 ans d’art canadien ont contribué à faire de CARFAC un réseau associatif national qui obtiendrait par la suite la reconnaissance des droits des artistes en arts visuels par le droit canadien.
Conjointement avec le regretté Jack Chambers, Tony Urquhart et Kim Ondaatje ont défendu le principe selon lequel les artistes doivent être payés pour leur travail. Ils ont mené une lutte ingrate et acharnée pour tenter de convaincre les musées et galeries de rémunérer les artistes pour toute exposition publique de leurs œuvres.
Tony Urquhart se souvient : « La première fois que Kim et moi sommes allés à Montréal et avons rencontré les représentants de l’Organisation des directeurs des musées d’art du Canada… L’un après l’autre, tous les participants autour de la table ont pris la parole pour dire : « Nous sommes d’accord, c’est une excellente idée, mais notre institution n’a pas le budget nécessaire ». Ils tentaient de susciter la compassion… Tony Urquhart a alors suggéré au directeur du Musée des beaux-arts de Montréal de ne tenir que 19 expositions annuelles au lieu de 20, et de payer les artistes avec la part du budget ainsi libérée.
Avec le temps, la notion de droit d’exposition a été acceptée en tant que pratique standard, et en 1975, le Conseil des arts du Canada a instauré pour les musées l’obligation de verser des droits en tant que condition d’admissibilité à son financement. Ainsi, le Canada a été le premier pays à adopter une telle norme ; la Grande-Bretagne et l’Australie lui ont emboîté le pas. En 1988, cette pratique a été enchâssée dans la loi lorsque le droit d’exposition a été incorporé à la Loi sur le droit d’auteur du Canada, qui confère aux artistes le droit d’être payés lorsque leurs œuvres sont exposées publiquement, sauf en contexte de vente ou de location. CARFAC continue d’établir un barème de tarifs minimums pour les droits d’exposition, en collégialité avec les associations principales du domaine des musées et galeries du Canada.
Où en sont les droits des artistes aujourd’hui ?
S’il est vrai que CARFAC a obtenu de nombreux gains pour les artistes, la lutte entamée par Tony Urquhart, Kim Ondaatje et Jack Chambers est toujours d’actualité. « Les artistes demeurent marginalisés sur le plan financier et se battent pour être traités en professionnels », dit Gerald Beaulieu, le président de CARFAC National. « Notre mission consiste à veiller à ce que les droits des artistes soient respectés et à les aider à gravir les échelons économiques dans une industrie qui profite largement de leur travail. »
Des statistiques récemment publiées par Hill Strategies indiquent qu’un artiste en arts visuels gagnait en moyenne 13 976 dollars en 2005, c’est-à-dire 6 824 dollars de moins que le niveau de pauvreté établi par Statistique Canada. Et, pire encore, la moitié des artistes en arts visuels gagnent moins de 8 000 dollars par an. CARFAC a relevé que même les lauréats du Prix du Gouverneur général constatent qu’il est pour eux difficile, voire impossible de vivre de leur production artistique. Certains ont un revenu nettement en dessous de la moyenne nationale ; d’autres doivent travailler à temps plein pour financer leur activité artistique.
CARFAC est actif au sein de nombreuses campagnes visant à aider les artistes à se sortir de la pauvreté. Une des possibilités envisageables est l’étalement du revenu. « Autrefois, nous bénéficiions de l’étalement du revenu, et cela aidait énormément les artistes ainsi que les autres travailleurs autonomes, tels les agriculteurs », dit Tony Urquhart. « Certaines années, on a du succès, et d’autres, on perd de l’argent en tant qu’artiste. Ce serait vraiment très utile si on pouvait faire une moyenne en regard de l’impôt pour que notre situation soit plus équilibrée. »
CARFAC souhaite rendre accessible aux artistes des programmes de sécurité du revenu tels que les régimes de retraite, l’assurance invalidité, le congé de maternité et l’assurance emploi. Ce sont les artistes en arts visuels qui connaissent le taux de travailleurs autonomes le plus élevé parmi toutes les disciplines artistiques et ce sont eux qui gagnent les salaires les plus faibles, ce qui justifierait la mise en œuvre de tels types de programmes. D’autres groupes de travailleurs autonomes, tels les pêcheurs, les chauffeurs de taxi et les coiffeurs sont admissibles à des programmes comme l’assurance emploi, mais pas les artistes. « Les institutions qui versent des honoraires aux artistes devraient aussi cotiser à des caisses de retraite, dit Kim Ondaatje. Ainsi, les jeunes artistes d’aujourd’hui seraient en mesure d’être autonomes lorsque leur carrière déclinera. »
Visitez la salle de presse virtuelle de CARFAC pour découvrir des images, des repères chronologiques et une information détaillée à propos de Tony Urquhart et Kim Ondaatje.
CARFAC (the Canadian Artists’ Representation/le Front des artistes canadiens) est l’association nationale des professionnels des arts visuels et médiatiques du Canada. CARFAC lutte pour les droits socioéconomiques et juridiques des artistes en menant des campagnes de sensibilisation, en effectuant des pressions, en offrant de la formation professionnelle et en produisant un barème de tarifs des honoraires d’artiste qui est largement reconnu comme la norme à l’échelle nationale. De plus, la Loi sur le statut de l’artiste autorise CARFAC à négocier avec les organismes nationaux au nom de l’ensemble des artistes du Canada.