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Trois ventes aux enchères où des artistes seront privés des droits de suite

Jeudi, 24 mai 2012 – Ce mois-ci, des artistes canadiens en arts visuels seront privés de la possibilité de bénéficier de la revente de leurs œuvres à l’occasion de trois ventes aux enchères d’envergure qui se tiendront respectivement chez Sotheby’s, Heffel et Joyner Waddington’s. En effet, bon nombre de ces œuvres d’art ayant pris de la valeur au fil du temps, leur vente devrait dégager des profits substantiels dont les auteurs ne toucheront pas un sou. Les associations pancanadienne et québécoise représentant les artistes en arts visuels (CARFAC et le RAAV) ont demandé au gouvernement de remédier à cette anomalie en introduisant le droit de suite dans la Loi sur le droit d’auteur , tel que cela a déjà été fait dans 59 pays.

L’institution du droit de suite permettrait aux artistes de recevoir 5 % du produit des ventes subséquentes de leurs œuvres par l’intermédiaire de maisons d’enchères et de galeries commerciales.

Une vente aux enchères tenue chez Heffel le 17 mai a rapporté 914 940 $ pour des oeuvres de 13 artistes canadiens vivants. Si le droit de suite de 5 % a été mis en œuvre au Canada ces artistes auraient reçu un total combiné de 45 747 $. Les ventes aux enchères chez Sotheby’s et Joyner Waddington’s se tiendront le 24 et 25 mai, respectivement. Ces ventes devraient dépasser 383 000 $ et 179 500 $ respectivement, pour les œuvres d’artistes canadiens vivants mises aux enchères. Elles aurait pu rapporter aux artistes environ 19 150 $ et 8 975 $ respectivement si le droit de suite était mis en œuvre au Canada.

Prenons, à titre d’exemple, six œuvres par l’artiste Gordon Applebe Smith ont rapporté 266 760 $ à Heffel. White Painting #2 a rapporté 70 200 $ et Houlgate Creek a rapporté 64 350 $. Si un droit de suite de 5 % était en vigueur au Canada ces artistes auraient touché ensemble un total approximatif de 20 000 $.

Ces ventes concernent entre autres des œuvres de Daphne Odjig (Penticton, C.-B.), Joe Fafard (Saskatchewan), Michael Snow (Toronto), Alex Coleville (Wolfville, N.-É.), et Claude Tousignant (Montréal), tous des artistes canadiens jouissant d’une solide renommée.

« [Le droit de suite] est un outil formidable pour que les artistes puissent profiter des retombées de leur travail acharné, de leur engagement et, souvent, du labeur de toute une vie, a dit Daphne Odjig. Dans mon cas, ce n’est que tard dans la vie que j’ai atteint une certaine réussite. Aujourd’hui âgée de 92 ans, je survis à l’aide d’une petite retraite et de rendements d’investissements qui vont s’amenuisant. J’aurais vraiment apprécié avoir une petite source de revenus supplémentaire. »

CARFAC et le RAAV poursuivent leurs démarches et leurs rencontres avec des députés en vue de promouvoir l’intégration du droit de suite dans la Loi sur le droit d’auteur. Les réactions continuent d’être positives, toutefois nous sommes toujours en attente d’un engagement de la part du gouvernement.

Photo : ©iStockphoto.com/-Oxford-