Jeudi, 1er novembre 2012 – Les artistes inuits ne toucheront pas un sou des profits réalisés sur leurs œuvres vendues aux enchères des maisons Joyner Waddington’s et Walker’s au cours des prochains jours. Les associations canadienne et québécoise d’artistes en arts visuels (CARFAC et le RAAV) ont demandé au gouvernement de combler cette lacune en adoptant au Canada le droit de suite en faveur de l’artiste.
Ce droit permet aux artistes en arts visuels d’obtenir une partie des profits réalisés dans la vente future de leurs œuvres. Il est courant que des œuvres d’art se revendent à des prix plus élevés à mesure que croît la notoriété de l’artiste. Par exemple, une œuvre du regretté Joe Talirunili s’est vendue en 2006 à 278 500 dollars. Une œuvre comparable devrait se vendre entre 100 000 et 150 000 dollars dimanche, aux enchères de la maison Waddington’s. Selon les estimations, à l’origine, ces deux œuvres auraient été achetées directement auprès de l’artiste pour une somme de 400 à 600 dollars, dans les années 1970.
De plus, huit œuvres réalisées par l’une des artistes les plus connues du Nunavut, Kenojuak Ashevak, seront mises aux enchères dans le cadre d’une vente d’œuvres d’art inuit à la maison Waddington’s en novembre. Enchanted Owl, l’une des images les plus connues de l’artiste, devrait se vendre entre 25 000 et 30 000 dollars. En novembre 2011, deux de ses tirages ont été vendus aux enchères pour un total de 29 620 dollars. Si le Canada avait adopté un droit de suite de l’artiste de 5 %, elle aurait touché 1 481 dollars.
« J’ai perdu mon mari, et donc, j’ai dû apprendre à être à la fois la mère et le père ; j’ai recouru à mes talents d’artiste », a déclaré Ashevak à l’occasion d’une présentation sur le droit de suite, en juin. « L’idée du droit de suite de l’artiste me plaît. Ce serait tellement mieux ! Les artistes concernés pourraient tirer un meilleur profit de leurs œuvres et gagner plus d’argent. »
Le marché de l’art canadien est en pleine croissance, et les ventes aux enchères fracassent de nouveaux records chaque année. En 2010, selon une étude d’impact économique portant sur l’art et l’artisanat du Nunavut, on dépense chaque année environ 52 millions de dollars pour l’acquisition d’œuvres d’art du Nunavut. Or, les artistes inuits ne profitent pas du tout des bénéfices énormes que leurs œuvres génèrent dans le marché secondaire. La valeur de l’art inuit vendu au Canada et à l’étranger continue d’augmenter et, sans droit de suite, les artistes n’en retirent absolument rien.
Plus tôt cette année, le gouvernement du Nunavut a milité en faveur du droit de suite de l’artiste. « Les artistes inuits ont offert à un public international leur vision du monde, et construit un secteur économique qui crée des emplois et qui se traduit par des dizaines de millions de dollars chaque année investis dans l’économie du Nunavut, dit Peter Taptuna, ministre du Développement économique et des Transports. Aujourd’hui, nous ajoutons notre voix pour appuyer le droit de suite de l’artiste, et pour inciter le Canada à adopter une loi essentielle en ce sens. »
Photo : ©iStockphoto.com Oxford