Mardi 20 novembre 2012 – Trente-six artistes canadiens vivants verront leur travail vendu aux enchères dans les prochains jours. La valeur de la plupart de ces oeuvres a augmenté au fil du temps, mais les retombées n’en sont actuellement pas partagées avec les artistes. Les associations québécoise et canadienne des artistes en arts visuels, respectivement le RAAV et CARFAC, ont demandé que le gouvernement remédie à cette iniquité en intégrant le droit de suite de l’artiste à la législation canadienne sur le droit d’auteur, comme cela a été fait dans au moins 67 pays.
S’il devait être institué, le droit de suite permettrait à des artistes de recevoir 5 % sur le produit des ventes publiques subséquentes de leur travail par enchères ou par l’intermédiaire de galeries commerciales. Il est commun que les œuvres d’art visuel prennent de la valeur avec le temps, à mesure que la réputation de l’artiste se consolide.
À titre exemple, une œuvre de l’artiste montréalais Claude Tousignant, Accélérateur chromatique 90, devrait être vendue entre 50 000 et 70 000 dollars chez Sotheby mardi prochain. Si le Canada appliquait le droit de suite de l’artiste à hauteur de 5 %, Tousignant aurait été susceptible de recevoir environ 3 500 dollars.
« Le droit de suite, c’est plus juste pour un artiste, a déclaré Claude Tousignant. Un artiste travaille plusieurs années, et c’est certain que ses œuvres prennent de la valeur. Pourquoi n’en profiterait-il pas ? »
Autre exemple, l’on prévoit que la pièce Two de l’artiste torontois Michael Snow se vendra entre 35 000 et 45 000 dollars lundi prochain, à Waddington. L’automne dernier, deux œuvres de cet artiste ont atteint ensemble 175 500 dollars. Si le Canada appliquait le droit de suite de l’artiste à hauteur de 5 %, Michael Snow aurait touché 8775 dollars.
« L’idée d’instituer le droit de suite en faveur des artistes est excellente, a déclaré Snow. Le public devrait y adhérer. »
En octobre, une rencontre a eu lieu à Toronto entre les représentants de maisons d’enchères et l’Association des marchands d’art du Canada d’une part, et des artistes d’autre part, en vue de discussions sur la manière dont le droit de suite pourrait être appliqué au Canada. Il en est ressorti plusieurs suggestions, que CARFAC et le RAAV envisagent d’intégrer à leur proposition.
« Les collectionneurs aiment l’art et ils aiment les gens qui font de l’art ; beaucoup d’entre eux sont là depuis le début, a déclaré Linda Rodeck, de la maison d’enchères Sotheby. L’apparence d’équité est importante ; mes clients veulent s’assurer que le droit de suite de l’artiste serait équitable pour eux aussi. »
« La priorité de Waddington est de maintenir un marché équitable, transparent et en pleine croissance qui profite à toutes les parties concernées », a déclaré le président de la maison d’enchères, Duncan McLean.
CARFAC et le RAAV poursuivent leurs démarches et leurs rencontres avec des députés en vue de promouvoir l’intégration du droit de suite dans la Loi sur le droit d’auteur. Les réactions continuent d’être positives, toutefois nous sommes toujours en attente d’un engagement de la part du gouvernement.