Cinq ventes aux enchères tenues le mois dernier ont engendré des ventes d’œuvres d’art produites par quatre-vingt dix artistes canadiens vivants pour un montant total de 855 205 dollars. Ces ventes ont profité à bien des gens… sauf aux artistes eux-mêmes.
Les artistes en arts visuels ont demandé au gouvernement de remédier à cette anomalie en introduisant dans la Loi sur le droit d’auteur le droit de suite, tel que cela a été fait dans déjà 69 pays. En effet, si le Canada avait instauré le droit de suite en y associant des redevances à hauteur de 5 % du prix de vente, ces artistes auraient touché ensemble un total de 42 760 dollars.
À titre d’exemple, trois oeuvres de l’artiste torontoise Rita Letendre ont été revendues, y compris Mandragore, adjugée à 76 050 dollars à la Maison Heffel. Rita Letendre estime qu’elle avait initialement vendu ce tableau environ 400 dollars. Si le Canada s’était doté du de suite, cette artiste aurait reçu 7 606 dollars pour ces trois reventes.
“J’aimerais qu’on reconnaisse le travail de l’artiste car cette oeuvre existe parce que l’artiste l’a créée, dit Letendre. Sans artiste il n’y aurait pas d’oeuvre et sans oeuvre, pas de marché. C’est une excellente idée qu’on redonne une portion des profits à l’artiste, c’est une question de respect.”
Ce fut une saison de ventes aux enchères particulièrement intense. Outre les grandes ventes d’œuvres canadiennes qui ont lieu chaque automne chez Waddingtons et Heffel, il y a eu aussi les enchères de la collection Claridge chez Charles Bronfman, celles d’art inuit chez Waddington et celles d’art canadien et international de la maison Walker.
En mai dernier, des députés de l’opposition ont exprimé leur appui au droit de suite lors de la présentation d’une motion par Pierre Nantel, député du Québec , et d’un projet de loi privé par Scott Simms, député de Terre-Neuve. Le gouvernement maintient sa réaction positive, mais aucun n’engagement n’a encore été pris.
Le manque à gagner potentiel de ces reventes sur des artistes partout au Canada
Trois œuvres de l’artiste montréalais Claude Tousignant ont été vendues chez Waddingtons, dont Poème Aeroscolaire, Carré #6, qui a atteint 2242 dollars. Si le Canada s’était doté du de suite, il aurait reçu 273 dollars pour ces trois reventes.
L’œuvre Gulf Island 3/82 Afternoon Fog de l’artiste britanno-colombien Takao Tanabe a atteint 43 875 dollars chez Heffel. Si le Canada s’était doté du de suite, il aurait reçu 2193 dollars.
L’œuvre de l’artiste britanno-colombien David Alexander From the Vault Top s’est vendue à 4012 dollars chez Waddingtons. Si le Canada s’était doté du de suite, il aurait reçu 200 dollars.
L’œuvre Kindred Soul de l’artiste albertain Alex Janvier, de Cold Lake, a été vendue 2596 dollars chez Waddingtons. Si le Canada s’était doté du de suite, il aurait reçu 129 dollars.
L’œuvre de Joe Fafard David Suzuki a atteint le prix de 21 060 dollars aux enchères de Heffel. Si le Canada s’était doté du de suite, il aurait reçu 1053 dollars.
L’œuvre A Little Pine Reserve de l’artiste Allen Sapp, de North Battleford, a été vendue 5520 dollars lors de la vente de la collection Claridge chez Waddingtons. Si le Canada s’était doté du de suite, il aurait reçu 276 dollars.
Quatre pièces de David Blackwood ont été revendues, y compris Ephraïm Kelloway’s White Door, qui a atteint le prix de 105 300 dollars. Si le Canada appliquait le droit de suite, M. Blackwood aurait reçu un paiement total de 6 145 dollars.
L’artiste du Cape-Breton Jacques Hurtubise a vu deux de ses œuvres revendues, dont Odette, qui a été adjugée à 21 060 dollars. Si le Canada s’était doté du de suite, il aurait reçu 1253 dollars.
Partout au Canada, les artistes appuient le droit de suite
N’hésitez pas à envoyer un courriel à notre nouveau ministre du Patrimoine et du Multiculturalisme Steven Guilbeault pour lui faire comprendre que les artistes de partout au Canada sont unis dans notre désir de voir le droit de suite des artistes au Canada.
Nous espérons que les exemples ci-dessus vous inciteront à lui envoyer votre propre message.